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Récapitulatif des perturbations d'Internet au deuxième trimestre 2023

2023-07-27

Lecture: 14 min.
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Présent dans plus de 100 pays, le réseau Cloudflare dessert plus de 300 villes au sein desquelles nous nous interconnectons avec plus de 12 000 fournisseurs de réseau afin de proposer une vaste gamme de services à des millions de clients. L'étendue de notre réseau et de notre clientèle nous assure un point de vue unique sur la résilience d'Internet et nous permet d'observer les répercussions des perturbations qui l'affectent.

Q2 2023 Internet disruption summary

Le deuxième trimestre 2023 s'est révélé particulièrement chargé en perturbations du réseau Internet, notamment en ce qui concerne les coupures d'Internet à l'initiative d'un gouvernement. Nous avons observé de nombreuses perturbations de courte durée au cours du trimestre, mais également un certain nombre d'épisodes plus longs. En plus des coupures d'Internet décidées par des gouvernements, nous avons également recensé des défaillances partielles ou complètes résultant de conditions météorologiques extrêmes, de câbles endommagés, de pannes d'électricité, de problèmes techniques généraux ou non spécifiés, de cyberattaques, d'interventions militaires et d'opérations de maintenance de l'infrastructure.

Comme nous l'avons indiqué par le passé, cet article aspire à proposer un aperçu des perturbations observées et ne constitue pas une liste exhaustive ou complète des incidents survenus pendant le trimestre.

Coupures d'origine gouvernementale

Government directed

La fin du printemps marque souvent le début de la « saison des examens » dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique, c'est-à-dire une période pendant laquelle les étudiants passent une série d'examens de cycle secondaire. Dans une tentative d'empêcher les fraudes lors de ces examens, les gouvernements de ces pays ont décidé de mettre en œuvre des coupures d'Internet à grande échelle avant et pendant les examens. Nous avons déjà parlé de ces coupures par le passé, notamment celles mises en place par le Soudan et la Syrie en 2021, et la Syrie, le Soudan, et l'Algérie en 2022. Cette année, nous avons observé les gouvernements irakien, algérien et syrien prendre ce type de mesures.

Irak

Au cours des semaines précédant les coupures de cette année, un rapport a signalé que le ministre irakien des Communications avait annoncé son refus d'accéder à la demande du ministre de l'Éducation d'imposer une coupure d'Internet pendant les examens dans le cadre des efforts déployés pour prévenir la fraude. Ce refus fut malheureusement de courte durée, car les coupures ont finalement commencé deux semaines plus tard.

Nous avons relevé deux épisodes de coupures en Irak : l'un a affecté les réseaux à l'échelle du pays, à l'exception de la région du Kurdistan, tandis que l'autre a impacté les réseaux au sein de cette dernière. La première série de coupures, programmée du 1er juin au 15 juillet, entre 4 et 8 h heure locale (1 h – 5 h UTC), était liée aux examens de troisième et de terminale. Les graphiques ci-dessous montrent qu'au cours du mois de juin, ces coupures ont eu lieu les 1er, 4, 6, 8, 11, 13, 15, 17, 21, 22, 24, 25 et 26 juin, avec pour conséquences d'importantes perturbations de la connectivité à Internet. Les coupures ont été mises en œuvre sur un ensemble de fournisseurs de réseau, dont AS203214 (HulumTele), AS59588 (Zain), AS199739 (Earthlink), AS203735 (Net Tech), AS51684 (Asiacell) et AS58322 (Halasat). Les zones surlignées en orange des graphiques ci-dessous montrent le trafic de chaque fournisseur tomber à zéro lors de ces coupures.

Comme mentionné ci-dessus, des coupures d'Internet en lien avec les examens ont également été mis en place dans la région du Kurdistan irakien. Un rapport a cité le ministre de l'Éducation du gouvernement régional du Kurdistan qui a déclaré que « l'Internet sera coupé suivant les besoins pendant les examens, mais qu'à l'instar des années précédentes, ces coupures seront de courte durée et non étendues dans le temps ». Les coupures observées ont en effet duré environ deux heures, entre 6 h 30 et 8 h 30 heure locale (3 h 30 – 5 h 30 UTC) les 3, 6, 10, 13, 17 et 24 juin. Les graphiques ci-dessous montrent l'incidence des coupures sur l'activité des trois fournisseurs de réseau de la région : AS21277 (Newroz Telecom), AS48492 (IQ Online) et AS59625 (KorekTel).

Vous trouverez des détails supplémentaires sur ces deux ensembles de coupures survenues en Irak dans notre article de blog daté du 13 juin : Exam-related Internet shutdowns in Iraq and Algeria put connectivity to the test (les coupures d'Internet liées aux examens en Irak et en Algérie mettent la connectivité à l'épreuve).

Algérie

2023 marque la sixième année au cours de laquelle l'Algérie a perturbé la connectivité à Internet pour empêcher la fraude lors des examens nationaux. En 2022, nous remarquions qu'il « apparaît que le gouvernement algérien avait changé de modèle pour adopter une approche basée sur le blocage du contenu, plutôt que d'avoir recours à une coupure générale d'Internet ». Il semble que le gouvernement a suivi la même approche cette année, car nous avons à nouveau observé deux chutes nominales du trafic pendant ces deux journées d'examens, plutôt qu'une interruption totale du trafic. Ces modifications du trafic ont été observées sur les fournisseurs de réseau mobile AS33779 (Ooredoo/Wataniya), AS327931 (Djezzy/Optimum) et AS327712 (Mobilis/Telecom Algeria). La première perturbation a eu lieu de 8 h à 12 h heure locale (7 h – 11 h UTC), tandis que la seconde s'est déroulée de 14 h à 17 h heure locale (13 h – 16 h UTC).

Syrie

Après voir mis en œuvre quatre coupures d'Internet liées aux examens en 2022, cette année n'en a connu que deux. Les 25 et 26 juin, deux interruptions ont eu lieu entre 5 h et 8 h 30 heure locale (2 h – 5 h 30 UTC). Syrian Telecom (AS29256), l'entreprise de télécommunications affiliée au gouvernement, a informé les abonnés dans une publication Facebook que le réseau Internet serait coupé à la demande du ministère de l'Éducation.

Sénégal

Au Sénégal, de violentes manifestations liées à la condamnation à une peine de prison d'Ousmane Sonko, le leader de l'opposition, a conduit le gouvernement à restreindre l'accès aux plateformes, notamment WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, Telegram, Signal et YouTube. Le 4 juin, le ministre de la Communication sénégalais a publié une déclaration avisant la population de la suspension temporaire de l'accès Internet, puis une autre le 6 juin afin d'indiquer la fin de la suspension. Ces perturbations de l'accès Internet mobile étaient visibles sur l'activité des deux fournisseurs de réseau opérant au sein du pays : AS37196 (Sudatel Senegal) et AS37649 (Tigo/Free).

Comme le montrent les graphiques ci-dessous, les coupures affectant Sudatel Senegal se sont produites de 15 h heure locale le 3 juin à 1 h heure locale le 5 juin et à nouveau de 13 h heure locale le 5 juin à 1 h heure locale le 6 juin. Les trois coupures observées chez Tigo/Free ont eu lieu de 15 h 30 à 19 h heure locale le 3 juin, de 13 h 45 le 4 juin à 2 h 05 heure locale le 5 juin et de 13 h 05 le 5 juin à 1 h heure locale le 6 juin. (Le Sénégal est en UTC+0. L'heure locale est donc identique à l'heure UTC.)

Mauritanie

En Mauritanie, les autorités ont procédé à une coupure des services Internet mobiles après une vague de manifestations liées à la mort d'un jeune homme en garde à vue. La coupure a commencé à 23 h heure locale le 30 mai et a duré six jours, avec un retour de la connectivité à 23 h heure locale le 6 juin. (La Mauritanie est en UTC+0. L'heure locale est donc identique à l'heure UTC.) Les graphiques ci-dessous montrent une disparition quasi totale du trafic Internet pendant cette période chez deux opérateurs de réseau mobile du pays, AS37541 (Chinguitel) et AS37508 (Mattel).

Pakistan

Le 9 mai, Imran Khan, l'ancien Premier ministre du Pakistan, a été arrêté pour faits de corruption. Suivant son arrestation, de violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes et poussé le gouvernement pakistanais à ordonner l'interruption des services Internet mobiles, ainsi que le blocage de plusieurs plateformes de réseaux sociaux. Les chiffres ci-dessous révèlent l'impact de cette coupure sur le trafic de quatre opérateurs mobiles du pays : AS24499 (Telenor Pakistan), AS59257 (China Mobile Pak), AS45669 (Mobilink/Jazz) et AS56167 (Ufone/PTML). Cette dernière a entraîné la disparition complète du trafic Internet sur ces réseaux à partir de 22 h heure locale (17 h UTC) le 9 mai pour Telenor et China Mobile Pakistan, de 18 h heure locale (13 h UTC) pour Mobilink/Jazz et 1 h heure locale le 10 mai (20 h UTC le 9 mai) pour Ufone/PTML. Le trafic a été rétabli à 22 h heure locale (17 h UTC) le 12 mai.

En examinant la page Qualité d'Internet récemment lancée sur Cloudflare Radar pendant la durée de l'interruption, nous avons constaté que la latence médiane au sein du Pakistan avait légèrement baissé après la coupure des réseaux mobiles, comme le montre le graphique ci-dessous. Avant cette coupure, la latence médiane (telle qu'observée par Cloudflare et un ensemble d'autres fournisseurs) se situait dans la plage des 90–100 ms, tandis qu'après, elle s'établissait en moyenne plus près de 75 ms. Ce résultat pourrait découler d'utilisateurs passant sur des connexions fixes à large bande et latence plus faible. En effet, plusieurs fournisseurs de connexions fixes à large bande ont vu leurs volumes de trafic augmenter pendant que les réseaux mobiles étaient indisponibles.

Vous trouverez plus de détails sur les coupures de réseaux mobiles, le blocage de contenu et l'impact au niveau de l'unité administrative et de la ville dans notre article de blog du 12 mai intitulé Cloudflare's view of Internet disruptions in Pakistan (Le point de vue de Cloudflare quant aux perturbations d'Internet au Pakistan).

Inde

Les coupures d'Internet sont malheureusement fréquentes en Inde. L'organisme de défense des droits numériques Access Now a d'ailleurs signalé au moins 84 épisodes au sein du pays en 2022. Les interruptions de service sont généralement mises en œuvre à un échelon plus local et s'étendent souvent sur une période de temps considérable. L'une de ces coupures a eu lieu dans le Manipur, un État indien du nord-est, à partir du 3 mai après l'escalade d'un conflit ethnique, censément dans l'intention de « déjouer les desseins et les activités d'entités antinationales et antisociales… en mettant fin à la propagation de la désinformation et des fausses rumeurs » , de même que la probabilité de « graves perturbations de la coexistence pacifique des communautés et de la préservation de l'ordre public ». Les services de données mobiles ont été suspendus à l'origine pour une période de cinq jours, mais celle-ci a été constamment étendue par de nouvelles ordonnances émises tous les cinq jours.

Les graphiques ci-dessous illustrent l'impact de la coupure sur le trafic de deux des principaux fournisseurs de réseau du Manipur. Les deux fournisseurs, l'AS45609 (Airtel) et l'AS9829 (BSNL), ont ainsi vu leur trafic chuter considérablement autour de 18 h heure locale (12 h 30 UTC) le 4 mai. Le trafic sur Airtel est resté faible et a continué de diminuer jusqu'à la fin juin. Le trafic sur BSNL a montré de légers signes de rétablissement à compter de début juin, mais il est resté extrêmement faible.

L'ordre de coupure est toujours en vigueur à la date de cette publication (fin juillet).

Severe weather

Conditions météorologiques extrêmes

Guam

Le 24 mai, le « super-typhon » Mawar a ravagé le territoire américain de Guam et causé des dégâts physiques considérables après son entrée sur les terres, en abattant les arbres, les bâtiments, les lignes électriques et l'infrastructure de communications sur l'ensemble de l'île. L'une des conséquences de ces dégâts fut une forte perturbation de la connectivité à Internet, comme le montre le graphique à l'échelle du pays ci-dessous. Les mesures de rétablissement ont commencé immédiatement, avec la publication régulière de rapports de situation par la Guam Power Authority, Docomo Pacific et GTA Teleguam sur leurs sites web et/ou leurs comptes de réseaux sociaux.

Cable damage

Parmi les deux fournisseurs Internet, GTA Teleguam (AS9246) est largement parvenu à un rétablissement complet de ses services en juin, avec un retour du trafic à ses niveaux pré-typhon autour du 17 juin, comme illustré par le graphique ci-dessous. Dans une publication Facebook datée du 20 juin, ce dernier indiquait d'ailleurs « qu'en date d'aujourd'hui, une majorité des sites cellulaires de notre réseau sans fil sont opérationnels ». Les efforts de rétablissement chez Docomo Pacific (AS3605), toutefois, prennent beaucoup plus de temps. Le graphique ci-dessous montre qu'à la fin du mois de juin, le trafic demeurait considérablement inférieur à ses niveaux pré-typhon.

Câbles endommagés

Bolivie

Le 19 juin, COTAS, une entreprise de télécommunications bolivienne, a publié un statut sur sa page Facebook informant les utilisateurs de la rupture d'un câble en fibre optique dans la ville de Pongo. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, cette rupture a considérablement perturbé la connectivité Internet chez COTAS et deux autres fournisseurs de réseau du pays, AS25620 (COTAS), AS27839 (Comteco) et AS52495 (Cotel), de 13 h à 18 h heure locale (17 h – 22 h UTC).

Gambie

Gamtel, l'entreprise de télécommunications étatique gambienne, a informé ses abonnés d'une rupture de fibre localisée par l'intermédiaire d'une publication Twitter le 7 juin, puis de nouvelles ruptures de câbles le 8 juin. Ces incidents ont perturbé la connectivité Internet de l'AS25250 (Gamtel) entre 14 h heure locale le 7 juin et 0 h heure locale le 9 juin, avec des volumes de trafic diminués de jusqu'à 80 % par rapport à la période précédente. (La Gambie est en UTC+0. L'heure locale est donc identique à l'heure UTC.)

Power outages

Philippines

Un avis publié sur Twitter par PLDT, un fournisseur de télécommunications philippin, à 18 h 43 heure locale (10 h 43 UTC) le 5 juin déclarait « L'un de nos partenaires de câbles sous-marins confirme une perte d'une partie de sa capacité de bande passante Internet, qui entraîne un ralentissement de la navigation Internet. Nous travaillons avec nos partenaires à une solution permettant de vous proposer une capacité alternative susceptible de rétablir votre expérience dans les prochaines heures ». Le graphique du trafic ci-dessous montre une perturbation mineure du trafic Internet de l'AS9299 (PLDT) à partir de 14 h heure locale (6 h UTC) et le « ralentissement de la navigation Internet » signalée par PLDT apparaît clairement dans les graphiques illustrant la qualité d'Internet ci-dessous, avec un accroissement de la latence et une diminution de la bande passante évidente autour de la même heure. PLDT a déclaré dans un tweet ultérieur qu'à compter de 6 h 22 heure locale le 6 juin (22 h 22 UTC le 5 juin),« Notre partenaire de câbles sous-marins confirme la mise à disposition d'une capacité supplémentaire, restaurant de fait l'expérience de navigation ».

Coupures de courant

Curaçao

Aqualectra est la principale entreprise de services publics de Curaçao. Elle assure ainsi l'approvisionnement en eau et en électricité. Le 8 juin, l'entreprise a publié une série d'alertes sur sa page Facebook (1, 2, 3, 4) concernant une panne d'électricité affectant « l'ensemble des quartiers » et provoquée par un dysfonctionnement de l'un des principaux câbles électriques reliés à la sous-station de Parera. Cette panne du réseau électrique a considérablement affecté la connectivité Internet sur l'île, avec une importante chute de trafic observée au niveau du pays, comme le montre le graphique ci-dessous, ainsi qu'au niveau de certains fournisseurs d'accès Internet, dont AS11081 (UTS), AS52233 (Columbus Communications) et AS27660 (Curaçao Telecom). Une publication Facebook ultérieure datée de 1 h 25 heure locale le 9 juin (5 h 25 UTC) a confirmé le rétablissement de l'électricité dans l'ensemble des quartiers.

Portugal

Selon des rapports publiés (1, 2), une panne de courant survenue dans un datacenter Equinix de Prior Velho (près de Lisbonne) l'après-midi du 6 juin a affecté les entreprises de service public, les services bancaires et les réseaux des tribunaux locaux. Le fournisseur d'accès Internet portugais MEO a également été touché, entraînant ainsi une chute du trafic chez AS3243 (MEO-RESIDENCIAL) et AS15525 (MEO-EMPRESAS), comme le révèlent les graphiques ci-dessous. Les perturbations résultant de la panne de courant ont également impacté la qualité de la connectivité au niveau du Portugal, comme le soulignent les graphiques Radar sur la qualité d'Internet ci-dessous. On remarque ainsi une baisse concomitante de la bande passante, ainsi qu'une augmentation de la latence, indiquant que les utilisateurs finaux ont certainement fait les frais d'une expérience dégradée sur la période.

Botswana

Technical problems

Le 19 mai, une panne de courant affectant l'ensemble du Botswana a entraîné une perturbation d'Internet disruption pendant près de 90 minutes, de 10 h 45 à 12 h 15 heure locale (8 h 45 – 10 h 15 UTC), visible sur le graphique ci-après. Un tweet publié par la Botswana Power Corporation a informé le public de l'incident, sans toutefois mentionner de cause première.

La Barbade

Le 4 avril, la Barbados Light & Power Company a publié un « avis de panne » dans un tweet déclarant « Nous sommes conscients que nos clients répartis sur l'ensemble de l'île sont actuellement sans électricité. ». Publié à 11 h 46 heure locale (15 h 46 UTC), l'avis intervient quelques jours après l'observation d'une chute significative de trafic sur l'ensemble du territoire, indiquant ainsi que la panne a affecté la connectivité Internet partout dans le pays. Après la publication de plusieurs mises à jour tout au long de la journée, un avis final a été publié à 18 h heure locale (22 h UTC) afin de signaler que le courant avait été rétabli pour 100 % des clients affectés. Le graphique ci-dessous montre qu'il a fallu plusieurs heures pour que le trafic revienne à ses niveaux normaux. (Veuillez noter que la zone en orange sur le graphique représente la durée de la perturbation, tandis que la zone ombrée en rouge est liée à un problème interne de collecte de données.)

Problèmes techniques

Namibie

Une perturbation du réseau Internet d'une durée de sept heures observée en Namibie les 15 et 16 juin résultait de « difficultés techniques » non spécifiées affectant Telecom Namibia. D'après un tweet publié par le fournisseur, « Telecom Namibia a rencontré ce jeudi des difficultés techniques sur ses services de données mobile et fixe, qui ont entraîné une connectivité Internet intermittente ». L'impact de ces difficultés est visible à la fois sur le graphique à l'échelle du pays et sur le graphique à l'échelon des réseaux ci-dessous.

Îles Salomon

Des « problèmes techniques » non spécifiés ont également perturbé la connectivité Internet mobile des clients Our Telekom situés aux Îles Salomon, les 26 et 27 avril. Une publication Facebook d'Our Telekom datée du 26 avril déclarait simplement « Notre réseau de données mobiles est actuellement hors ligne en raison de problèmes techniques ». Les graphiques ci-dessous montrent une baisse importante du trafic pour l'AS45891 (Our Telekom/SBT) entre 6 h 30 heure locale le 27 avril (19 h 30 UTC le 26 avril) et 17 h heure locale le 27 avril (6 h UTC). La diminution du trafic mobile en provenance d'Our Telekom a également affecté le trafic au niveau du pays, comme illustré par la perturbation similaire représentée sur le graphique des Îles Salomon.

Avec l'accroissement de la présence mondiale de son service, les perturbations observées chez SpaceX Starlink affectent potentiellement des utilisateurs situés dans plusieurs pays à travers le monde. Juste avant 0 h UTC le 7 avril, le trafic Internet observé en provenance de l'AS14593 (SpaceX-Starlink) a commencé à décliner de manière considérable. La perturbation a été de courte durée, avec un retour du trafic aux niveaux attendus deux heures plus tard. D'après une publication Twitter d'Elon Musk, le CEO de SpaceX, le problème était « causé par l'expiration de la certification d'une station terrestre » (l'expiration d'un certificat numérique associé à une ou plusieurs stations terrestres Starlink, susceptible d'empêcher la communication entre la constellation de satellites et la ou les stations au sol).

Madagascar

À Madagascar, un « problème d'infrastructure backbone », signalé par Telma Madagascar, a entraîné la disparition de près de deux tiers du trafic Internet entre 9 h 15 et 14 h heure locale (6 h 15 – 11 h UTC) le 7 avril. Les graphiques ci-dessous montrent que le problème de backbone a perturbé le trafic au niveau national, de même que pour l'AS37054 (Telma Madagascar).

Royaume-Uni

Le 4 avril, le fournisseur Internet britannique Virgin Media a fait les frais de plusieurs perturbations qui ont affecté la connectivité Internet des clients de son service à large bande. La première défaillance a commencé juste avant 1 h heure locale (0 h UTC) et duré jusqu'à environ 9 h heure locale (8 h UTC). La deuxième panne a commencé aux alentours de 16 h heure locale (15 h UTC) et a vu les volumes de trafic augmenter et diminuer au cours des heures suivantes avant de se stabiliser autour de 21 h 30 heure locale (20 h 30 UTC).

Cyberattacks

Virgin Media a reconnu la perturbation matinale par l'intermédiaire de son compte Twitter plusieurs heures après son commencement, en publiant « Nous sommes conscients du problème qui touche les services large bande des clients de Virgin Media, ainsi que nos centres de contact. Nos équipes travaillent actuellement à identifier et résoudre ce problème aussi rapidement que possible et nous nous excusons auprès des clients affectés ». Une publication ultérieure après le rétablissement des services mentionnait « Nous avons rétabli les services large bande de nos clients, mais surveillons attentivement la situation pendant que nos techniciens poursuivent leur enquête. Nous nous excusons pour les désagréments occasionnés ».

La deuxième perturbation a toutefois été reconnue bien plus rapidement sur le compte Twitter de Virgin Media, avec un tweet publié à 16 h 25 UTC déclarant « Nous avons malheureusement constaté la reprise d'un problème antérieur provoquant des problèmes de connectivité large bande intermittents chez certains clients de Virgin Media. Nous nous excusons à nouveau auprès des clients affectés. Nos équipes continuent à travailler d'arrache-pied pour déterminer la cause première du problème et la résoudre ».

Bien qu'aucun détail supplémentaire sur les pannes ou la résolution n'ait été révélé par Virgin Media par l'intermédiaire de ses réseaux sociaux, d'autres informations ont été partagées via Twitter par un client apparent, qui a publié « Les techniciens de Virgin Media ont réinstallé les cartes de la fibre et réinitialisé les équipements des centres afin de rétablir le service. La TTL a été étendue à titre de solution de remplacement permettant de maintenir la stabilité pendant qu'un correctif permanent est déployé ».

Vous trouverez davantage de détails au sujet de la panne survenue chez Virgin Media dans notre article de blog du 4 avril : Cloudflare's view of the Virgin Media outage in the UK (Le point de vue de Cloudflare concernant la panne chez Virgin Media au Royaume-Uni).

Cyberattaques

Military action

Ukraine

Comme nous l'avons déjà abordé dans nos articles de blog précédemment publiés, la guerre physique entre la Russie et l'Ukraine présente également un élément en ligne très actif, avec l'arsenal complet de transferts de trafic, de cyberattaques et de réacheminements du trafic constaté depuis le début du conflit en février 2022. Au début du mois de mai 2022, nous avons observé le réacheminement du trafic de plusieurs fournisseurs de réseau ukrainiens via l'AS201776 (Miranda Media), un opérateur de réseau contrôlé par la Russie et basé en Crimée. (Ce réacheminement est discuté plus en détail dans deux articles : Tracking shifts in Internet connectivity in Kherson, Ukraine (Suivi des changements au niveau de la connectivité Internet à Kherson, en Ukraine) et One year of war in Ukraine: Internet trends, attacks, and resilience (Une année de guerre en Ukraine : tendances, résilience et attaques sur Interne).)

Un peu plus d'un an plus tard, le 26 mai, nous avons constaté une défaillance d'Internet chez Miranda Media. Le trafic a commencé à chuter autour de 16 h 30 heure locale (13 h 30 UTC), pour atteindre un niveau nul aux alentours de 18 h 15 heure locale (15 h 15 UTC). La perturbation a mis à mal la connectivité dans la péninsule de Crimée, ainsi que dans plusieurs parties de l'Ukraine occupée, et a duré jusqu'à environ 6 h heure locale le 27 mai (3 h UTC). Des rapports publiés (1,2) suggèrent que la panne était due à une cyberattaque visant Miranda Media, censément conduite par des hacktivistes ukrainiens.

Russie

Le fournisseur de connexion satellite russe Dozor Teleport, dont les clients comprennent le ministère de la Défense russe, les navires de la flotte du Nord, le fournisseur d'énergie russe Gazprom, des champs pétrolifères, la centrale nucléaire Bilibino, le FSB (Federal Security Service, Service fédéral de sécurité), Rosatom et d'autres entreprises, a fait les frais d'une panne de plusieurs heures le 29 juin. Cette défaillance, qui s'est produite entre 1 h 30 et 17 h 30 UTC, résultait apparemment d'une cyberattaque revendiquée par au moins deux groupes.

Intervention militaire

Maintenance

Tchad

Plusieurs perturbations d'Internet se sont produites au Tchad les 23 et 24 avril. Affectant plusieurs fournisseurs d'accès Internet, elles étaient également visibles au niveau du pays. Comme montré sur les graphiques ci-dessous, les pannes se sont déroulées de 4 h 30 à 6 h heure locale (3 h 30 – 5 h UTC) et de 15 h à 20 h heure locale (14 h – 19 h UTC) le 23 avril, et de 4 h à 8 h 30 heure locale (3 h – 7 h 30 UTC) le 24 avril. Les fournisseurs de réseau impactés au Tchad comprenaient l'AS327802 (Millicom Chad), l'AS327756 (Airtel Chad), l'AS328594 (Sudat Chad), et l'AS327975 (ILNET-TELECOM). Ces défaillances étaient apparemment dues à des dégâts subis par l'infrastructure fibre qui relie le Cameroun et le Soudan voisins, ce dernier ayant également fait les frais de perturbations du service Internet dans un contexte d'affrontements entre les Forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces, SAF) et les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF).

Soudan

Comme indiqué ci-dessus, les interventions militaires au Soudan ont perturbé la connectivité Internet au Tchad au mois d'avril. À compter de la mi-avril, plusieurs défaillances d'Internet ont été observées chez les principaux fournisseurs d'accès Internet soudanais. Trois d'entre elles sont d'ailleurs montrées sur les graphiques ci-dessous. Les combats dans le pays ont conduit à des pénuries de carburant et des coupures de courant, qui ont mené en définitive à une perturbation de la connectivité Internet.

L'AS15706 (Sudatel) a connu des coupures totales d'Internet de 3 h heure locale le 23 avril à 17 h heure locale le 24 avril (1 h UTC le 23 avril à 15 h UTC le 24 avril) et à nouveau de 3 h heure locale le 25 avril à 1 h heure locale le 28 vril (1 h UTC le 25 avril à 23 h UTC le 27 avril). La connectivité Internet de l'AS36972 (MTN) a fait l'objet de perturbations de 3 h à 12 h heure locale le 16 avril (1 h – 10 h UTC), et à nouveau de 20 h heure locale le 27 avril à 2 h heure locale le 29 avril (18 h UTC le 27 avril à 0 h UTC le 29 avril). Après un rétablissement au trafic nominal sur plusieurs jours, une défaillance presque totale et de longue durée a commencé le 5 mai, et ce pendant plusieurs semaines. De manière similaire à MTN, plusieurs pannes de longue durée ont également été observées au niveau de l'AS33788 (Kanar Telecommunication). Après avoir constaté une baisse importante du trafic à partir de la mi-journée le 19 avril, une défaillance presque totale est visible de 12 h heure locale le 21 avril à 1 h heure locale le 29 avril (10 h UTC le 21 avril et 23 h UTC le 28n avril), avec un léger rétablissement de très courte durée le 24 avril. Une panne de plus longue durée a commencé aux alentours de 0 h heure locale le 11 mai (22 h UTC le 10 mai). Cette défaillance a également duré plusieurs semaines.

Vous trouverez plus de détails sur les perturbations du réseau Internet au Soudan dans notre article de blog datant du 2 mai :

Effects of the conflict in Sudan on Internet patterns (Les effets du conflit au Soudan sur les schémas Internet).

Entretien

Togo, République du Congo (Brazzaville), Burkina Faso

Des travaux de réfection du câble sous-marin WACS (West Africa Cable System) ont perturbé la connectivité Internet de plusieurs pays, dont le Togo, la République du Congo (Brazzaville) et le Burkina Faso le 6 avril. D'après la traduction Google d'un post Facebook publié par Canalbox Congo, la réparation avait de fortes chances de provoquer « de très importantes perturbations des connexions Internet, avec le risque d'une interruption totale ». (Canalbox (GVA) est un opérateur de télécommunications africain proposant ses services dans plusieurs pays d'Afrique.)

Le graphique ci-dessous de l'AS36924 (GVA-Canalbox) montre trois annotations de pannes superposées, chacune liée à une perturbation observée sur ce système autonome (réseau) dans un des pays concernés. En République du Congo (Brazzaville), une perturbation significative du trafic est visible entre 16 h 15 et 23 h 15 heure locale (15 h 15 – 22 h 15 UTC). Au Burkina Faso, la défaillance s'est produite plus tôt, entre 9 h 15 et 18 h heure locale (9 h 15 – 18 h UTC). Elle présentait également des effets moins graves. L'impact a été similaire au Togo, au sein duquel le trafic a été perturbé entre 11 h et 23 h 15 heure locale (11 h – 23 h 15 UTC).

Conclusion

Du fait des liens étroits existant aujourd'hui entre le réseau Internet et le commerce, les services financiers et les tâches de la vie quotidienne à travers le monde, toute perturbation de la connectivité Internet a désormais des conséquences économiques. Les fournisseurs affectés par des perturbations résultant d'événements inattendus ou inévitables, comme des ruptures de câbles ou des conditions météorologiques extrêmes, tentent généralement de minimiser la portée et la durée de ces défaillances, afin d'essayer de réduire ces effets économiques. Toutefois, dans le cas des coupures d'Internet à l'initiative d'un gouvernement, ces dégâts économiques sont en définitive auto-infligés. L'Internet Society dispose désormais d'un nouvel outil, le Net Loss Calculator, qui propose un moyen de quantifier ces dégâts, afin de permettre au public, aux groupes de défense des droits et aux gouvernements eux-mêmes de comprendre le coût potentiel d'une coupure d'Internet du point de vue du PIB (produit intérieur brut), des investissements directs étrangers (IDE) et du chômage.

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