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Récapitulatif des perturbations d'Internet au deuxième trimestre 2024

2024-07-16

Lecture: 14 min.
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Présent dans plus de 120 pays, le réseau de Cloudflare couvre plus de 320 villes, dans lesquelles nos interconnexions avec plus de 13 000 opérateurs de réseau nous permettent de proposer une vaste gamme de services à des millions de clients. L'étendue de notre réseau et de notre clientèle nous offre un point de vue unique sur la résilience d'Internet, nous permettant d'observer les répercussions des perturbations qui l'affectent. Plus tôt cette année, le récent lancement de la fonctionnalité Cloudflare Radar nous permet d'explorer l'impact du point de vue du routage ainsi que du trafic, aussi bien au niveau du réseau que de la localisation géographique.

Q2 2024 Internet disruption summary

Comme nous l'avons observé les années précédentes, des examens nationaux se déroulent dans plusieurs pays de la région MENA au deuxième trimestre, et ces examens s'accompagnent de coupures d'Internet ordonnées par les gouvernements. Les ruptures de câbles, tant terrestres que sous-marins, ont entraîné des pannes d'Internet dans un certain nombre de pays, le câble sous-marin ACE étant une source particulière de problèmes. Des opérations de maintenance, des coupures d'électricité et des incidents techniques ont également perturbé la connectivité Internet, ainsi que des problèmes d'origine inconnue. Et comme nous l'avons souvent observé au cours des deux années qui se sont écoulées depuis le début du conflit, la connectivité Internet en Ukraine est perturbée par les attaques lancées par la Russie.

Comme nous l'avons indiqué par le passé, cet article aspire à proposer un aperçu des perturbations observées et ne constitue pas une liste exhaustive ou complète des incidents survenus pendant le trimestre.

Coupures d'origine gouvernementale

Government directed

Syrie, Algérie, Irak

Chaque printemps, les gouvernements de plusieurs pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ordonnent aux fournisseurs de télécommunications locaux de couper ou de perturber la connectivité Internet dans l'ensemble du pays afin d'empêcher la fraude lors des examens nationaux dans l'enseignement secondaire et supérieur. Ces interruptions et perturbations surviennent généralement plusieurs heures par jour, sur une période de plusieurs semaines. Nous avons examiné ces événements en 2023, 2022 et 2021, car ils se sont produits dans des pays tels que la Syrie, le Soudan, l'Algérie et l'Irak.

Au mois de juin, nous avons publié un article intitulé « Exam-ining recent Internet shutdowns in Syria, Iraq, and Algeria » consacré aux coupures quotidiennes d'Internet survenues en Irak et en Syrie, ainsi qu'aux deux perturbations quotidiennes d'une durée de plusieurs heures observées en Algérie. Ces dernières semblaient toutefois être le résultat d'une stratégie de blocage de contenus, plutôt qu'une coupure complète d'Internet à l'échelle nationale. L'article examinait l'impact de ces interruptions sur le trafic Internet et analysait également les informations de routage et le trafic provenant d'autres services de Cloudflare dans le but de mieux comprendre de quelle manière ces interruptions sont mises en œuvre.

En plus des coupures détaillées dans l'article de blog mentionné ci-dessus, l'Irak a imposé une deuxième série de coupures qui ont débuté le 23 juin et se sont poursuivies jusqu'au 14 juillet au moins. Certaines de ces coupures ont affecté le même ensemble de réseaux que ceux observés lors de la première série d'interruptions, tandis que d'autres ont affecté des réseaux de la région autonome du Kurdistan, dans le nord.

Parmi ces opérateurs, AS206206 (Kurdistan Net), AS59625 (Korek Telecom), AS48492 (IQ-Online) et AS21277 (Newroz Telecom) ont tous imposé des coupures les 23 juin, 26 juin et 30 juin, ainsi que les 3 juillet, 7 juillet et 10 juillet entre 6h00 et 8h00, heure locale (entre 3h00 et 5h00 UTC).

En dehors de la région autonome du Kurdistan, des opérateurs tels que AS59588 (Zainas), AS199739 (Earthlink), AS203214 (HulumTele), AS51684 (Asiacell) et AS58322 (Halasat) ont imposé des coupures d'Internet entre 6h00 et 8h00, heure locale (entre 3h00 et 5h00 UTC) les 23 juin, 24 juin, 26 juin, 27 juin, 29 juin et 30 juin, ainsi que les 1er juillet et 2 juillet.

Les deux ensembles de coupures décrits ci-dessus semblent avoir suivi la même approche que la première série examinée dans l'article de blog précédent.

Kenya, Burundi, Ouganda, Rwanda, Tanzanie

Les inquiétudes concernant une éventuelle coupure d'Internet pendant les manifestations liées aux augmentations de la fiscalité proposées par le gouvernement kényan dans le cadre du projet de loi « Finance Bill 2024 » ont conduit à la publication d'une déclaration commune, signée par de nombreuses organisations, qui invitait vivement le gouvernement kényan à s'abstenir d'imposer d'éventuelles

coupures d'Internet ou procédures de contrôle de l'information et soulignait les « conséquences économiques désastreuses » que pourrait avoir une telle décision. En réponse, Communications Authority of Kenya a publié un communiqué de presse, dans lequel l'autorité indiquait : « Afin d'éviter toute ambiguïté, l'autorité n'a aucune intention d'interrompre le trafic Internet ou d'interférer avec la qualité de la connectivité. De telles actions constitueraient une violation de la Constitution dans son ensemble, de la liberté d’expression en particulier et de notre propre éthique. »

Suite à l'intensification des manifestations le 25 juin, le trafic Internet au Kenya a chuté à 16h30, heure locale (13h30 UTC). Au départ, cette panne était supposément liée à des problèmes affectant un ou plusieurs câbles sous-marins assurant la connectivité internationale avec le pays, la cause potentielle étant étayée par des publications de Safaricom et d'Airtel sur les réseaux sociaux.

D'autres baisses simultanées du trafic Internet ont été observées au Burundi, en Ouganda, au Rwanda et en Tanzanie, comme indiqué ci-dessous. Les problèmes affectant les câbles sous-marins connectés à un pays peuvent avoir une incidence sur la connectivité Internet dans d'autres pays, si la connectivité Internet en amont est tributaire de ce pays ou ces câbles. À ce titre, les perturbations observées dans ces quatre pays n'étaient donc pas inhabituelles. À cette fin, un communiqué (supprimé par la suite) publié par MTNOuganda sur X précisait : « Nous informons nos estimés clients que nous constatons une dégradation de l'ensemble de nos services Internet en raison d'une défaillance causée par l'acheminement de notre connectivité au Kenya. Nos équipes techniques et nos partenaires travaillent conjointement afin de résoudre le problème dans les plus brefs délais. Dans l'intervalle, nous invitons nos clients à utiliser *165# pour accéder à Mobile Money et à d'autres services basés sur des applications. Merci. »

Toutefois, d'autres participants au sein de la communauté des infrastructures Internet en Afrique ont remis en question l'explication de la panne liée aux câbles sous-marins. Kyle Pensez, Executive Director d'Uganda Internet eXchange Point, a publié sur X : « J'ai été informé que le gouvernement kényan a ordonné aux stations d'atterrissement de câbles maritimes de déconnecter des circuits. » Ben Roberts, Group CTIO de Liquid Intelligent Technologies, un fournisseur d'infrastructure réseau panafricain, a publié  : « Aucun câble n'a été endommagé cette semaine. » Par ailleurs, les défaillances de câbles sous-marins ne sont que rarement, voire jamais, résolues en quelques heures, comme l'a été cette perturbation, et durent souvent des jours, voire des semaines.

Le 26 juin, le CEO de Safaricom a déclaré : « Cette panne était due à une diminution de la bande passante sur certains câbles transportant le trafic Internet », contredisant ainsi la déclaration initiale de l'entreprise. Aucune information supplémentaire n'a été communiquée par Airtel ou Communications Authority of Kenya, mais comme nous l'avons précédemment indiqué, certains acteurs du secteur pensent que la perturbation qui a affecté la connectivité au Kenya, au Burundi, en Ouganda, au Rwanda et en Tanzanie a été décidée par le gouvernement du Kenya, et que la défaillance n'était pas imputable à des défaillances de câbles sous-marins.

Cable cuts

Ruptures de câbles

Haïti

À 17h36, heure locale (21h36 UTC) le 28 avril, Digicel Haiti a publié une « note importante » sur X, qui déclarait en partie : « Le 27 avril 2024, l'entreprise a subi plusieurs attaques contre son infrastructure internationale sur fibre optique dans la région de Drouya, sur la route nationale 1. La fibre optique a été endommagée par l'impact de balles après des affrontements armés dans la région pendant quelques jours. Cela a affecté plusieurs services, tels qu'Internet (données), les SMS, MonCash et les appels internationaux. Pour l'heure, nous sommes heureux d’informer la population que tous les services sont rétablis à 100 %. » Le graphique ci-dessous illustre l'impact des dommages causés à la fibre, l'opérateur AS27653 (Digicel LinkedIn) ayant subi une panne d'Internet de près de 24 heures, entre 17h30, heure locale (21h30 UTC) le 27 avril et 16h00, heure locale (20h00 UTC) le 28 avril. Le trafic a ensuite rapidement repris.

Ensuite, le 3 mai, le Director General de Digicel Haiti a publié sur X le message suivant : « Digicel informe le public que l'infrastructure internationale sur fibre optique de l'entreprise a subi deux nouveaux dégâts, survenus à 2 heures ce matin. Nous avons rétabli les services MonCash, les SMS et les connexions par fibre optique. Nos équipes sont déjà en route pour remédier au glissement de terrain apparemment survenu dans la région de Canaan. » La perturbation résultant de ces dégâts à la fibre optique a duré environ huit heures, entre 2h15 et 10h30, heure locale (entre 6h15 et 14h30 UTC) et, comme l'illustre le graphique ci-dessous, elle a semblé avoir un impact nominal sur trafic.

Kenya, Madagascar, Malawi, Mozambique, Rwanda, Tanzanie, Ouganda

Le dimanche 12 mai, des incidents affectant les câbles sous-marins EASSy et Seacom ont à nouveau perturbé la connectivité avec l'Afrique de l'Est, affectant un certain nombre de pays déjà concernés par une série de ruptures de câbles survenues près de trois mois plus tôt. Les informations concernant cette première série de coupures et l'impact initial des dégâts subis par les câbles sous-marins au mois de mai dernier ont été présentées dans notre article de blog intitulé « East African Internet connectivity again impacted by submarine cable cuts » (publié en anglais uniquement).

Les niveaux de trafic dans plusieurs pays affectés ont chuté peu avant 11h00, heure locale (8h00 UTC). L'ampleur de l'impact initial variait selon les pays, avec une baisse du trafic de 10 à 25 % au Kenya, en Ouganda, à Madagascar et au Mozambique, tandis que le trafic au Rwanda, au Malawi et en Tanzanie a chuté d'un tiers ou plus par rapport à la semaine précédente. semaine. L'impact global a été plus important en Tanzanie, à Madagascar et au Rwanda, comme l'illustrent les graphiques ci-dessous. Le trafic a renoué avec les niveaux attendus à différents moments pendant la semaine suivante, d'un jour et demi plus tard (le 13 mai) au Kenya à une semaine plus tard (le 19 mai) au Rwanda.

Les réparations des câbles EASSy et Seacom ont été achevées le 31 mai. Les réparations des câbles endommagés au mois de février étaient encore en cours à la date du 9 juillet, leur localisation dans une zone de guerre compliquant les travaux de réparation.

Tchad

Une rupture déclarée d'un câble à fibre optique survenue au Cameroun a perturbé la connectivité Internet des clients de Moov Africa Tchad le 25 mai. La panne a duré trois heures, de 15h15 à 18h15, heure locale (de 14h15 à 17h15 UTC), l'impact étant également visible au niveau national. Le routage a également été perturbé, le nombre de préfixes IPv4 /24 (256 adresses IPv4) annoncé par Moov Africa Tchad a chuté de huit à trois pendant la perturbation.

L'événement était similaire à celui survenu le 10 janvier, lorsque le trafic de Moov Africa Tchad et le trafic national ont été interrompus pendant plus de 12 heures « en raison d'une rupture de la fibre optique provenant du Cameroun et par laquelle le Tchad a accès à Internet ». Pendant cet événement, nous avons également observé une grande volatilité du point de vue du routage ; en effet, le volume de l'espace d'adressage IPv4 annoncé a fréquemment changé au niveau du réseau et au niveau national pendant la perturbation. Comme nous l'avons souligné au trimestre dernier, le Tchad étant un pays enclavé, il est tributaire des connexions Internet terrestres vers et via les pays voisins, et la carte des câbles AfTerFibre illustre la dépendance du Tchad envers un nombre limité de chemins de câbles traversant le Cameroun et le Soudan.

Gambie, Mauritanie, Sénégal

Maintenance

Une « interruption du réseau » déclarée sur le câble sous-marin Africa Coast to Europe (ACE) a perturbé le trafic sur les réseaux en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal le 5 juin dernier. Une chute du trafic sur les réseaux des opérateurs AS25250 (Gamtel), AS29544 (Mauritel) et AS37649 (Free/Tigo ) a été observée autour de 23h00, heure locale (23h00 UTC). Comme l'illustrent les graphiques ci-dessous, la panne a duré près de 11 heures, et le trafic n'a été rétabli qu'à 10h00, heure locale (10h00 UTC) le 6 juin. Mauritel a connu une panne quasi complète, tandis que Gamtel et Free/Tigo ont constaté des impacts moins graves, peut-être parce qu'ils ont été en mesure de transférer le trafic vers des liaisons de secours.

Entretien

Guinée, Gambie, Sierra Leone, Liberia

Nous avons évoqué ci-dessus une interruption inattendue du réseau affectant le câble sous-marin ACE, qui a entraîné des pannes dans plusieurs pays le 5 juin dernier. Toutefois, deux mois plus tôt, une coupure planifiée liée à des travaux de réparation sur ce câble avait également perturbé la connectivité dans plusieurs pays d'Afrique. Dans un communiqué, le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l'Économie numérique de Guinée a indiqué que « ...le réseau ACE (Africa Coast to Europe) subira une interruption planifiée le 8 avril 2024 entre minuit et 2h00 du matin dans les pays suivants : Guinée, Sénégal, Gambie, Sierra Leone et Liberia. Cette coupure totale d'environ 2 heures affectera le trafic Internet et les appels internationaux. »

Les graphiques ci-dessous illustrent l'impact sur le trafic des pays mentionnés pendant les travaux de réparation, d'une durée de deux heures, bien que le trafic n'ait visiblement pas renoué avec les niveaux attendus à la fin de la période de réparation ; nous ignorons pourquoi il est resté légèrement moins élevé. En outre, bien que le Sénégal soit répertorié parmi les pays affectés, aucun impact sur le trafic n'a été observé dans ce pays.

Power outage

Guinée

Complétant une trilogie de signalements relatifs au câble sous-marin ACE, les travaux de maintenance planifiés du câble réalisés par GUILAB auraient provoqué une panne d'une durée de plusieurs heures sur le réseau de l'opérateur AS37461 (Orange Guinée), ainsi qu'au niveau national, de 12h15 à 15h45, heure locale (de 12h15 à 15h45 UTC). (GUILAB est l'entreprise chargée de la gestion de la capacité allouée à la Guinée sur le câble sous-marin ACE.) Les travaux de maintenance ont été signalés par Orange Guinée dans deux messages publiés sur X (1, 2), bien que ces messages aient été ultérieurement supprimés.

Coupure de courant

Kenya

Le 2 mai à 18h30, heure locale (15h30 UTC), Kenya Power a publié une « alerte de panne d'électricité » sur X : «À 17h40 (EAT) aujourd'hui, le jeudi 2 mai 2024, nous avons connu une perturbation des systèmes sur le réseau électrique qui a entraîné des perturbations de l'approvisionnement électrique dans la plupart des régions du pays. » Le graphique ci-dessous illustre les répercussions résultantes sur la connectivité Internet dans le pays, avec une chute brutale du trafic entre 17h30 et 17h45, heure locale (entre 14h30 et 14h45 UTC). La baisse du trafic a duré jusqu'à environ 21h30, heure locale (18h30 UTC), heure à laquelle Kenya Power a publié un avis de « rétablissement de l'alimentation en électricité » sur X, soulignant le rétablissement de l'électricité dans certaines régions du pays. Bien que le pic résultant de la panne visible sur le graphique suggère une augmentation de la demande de contenus en ligne, une observation plus longue du trafic Internet du Kenya montre des pics de trafic aux mêmes heures (22h00, heure locale, 19h00 UTC) durant les deux jours précédents.

Équateur

Une panne d'électricité d'ampleur nationale survenue en Équateur le 19 juin a affecté les hôpitaux, les logements particuliers et le métro, en plus d'entraîner une perturbation majeure de la connectivité à Internet. Le graphique ci-dessous montre une chute brutale du trafic Internet de l'Équateur peu après 15h00, heure locale (20h00 UTC). Dans une publication sur X, Roberto Luque, ministre des ouvrages publics, a expliqué : « Le rapport immédiat que nous avons reçu de CENACE fait état d'une défaillance de la ligne de transmission qui a entraîné une déconnexion en cascade ; par conséquent, le service d'énergie est interrompu à l'échelle nationale. » Une publication ultérieure a souligné le manque d'investissement dans les systèmes sous-jacents et a noté qu'à 18h41, heure locale (23h41 UTC), « L'électricité a déjà été rétablie à 95 % ». Après la forte chute initiale, le trafic a commencé à se rétablir assez rapidement et est effectivement revenu aux niveaux attendus à l'heure indiquée.

Albanie, Bosnie, Monténégro

Military action

Une augmentation soudaine de la consommation électrique, résultant d'un usage plus élevé dû aux fortes températures ainsi qu'à l'impact de la chaleur sur les systèmes électriques, a provoqué une panne de courant de grande ampleur qui a affecté l'Albanie, la Bosnie et le Monténégro le 21 juin. La panne aurait débuté au Monténégro, suite à l'explosion d'une ligne de transmission de 400 kilovolts. Si les pannes d'électricité sont généralement circonscrites à un seul pays ou à une région au sein d'un pays, les systèmes de distribution d'électricité des pays balkaniques sont interconnectés dans le cadre du projet Trans-Balkan Electricity Corridor.

Selon les rapports publiés (MSN, Reuters), les réseaux électriques sont restés hors service de 12h00 à 13h00, heure locale (de 10h00 à 11h00 UTC) ; le rétablissement du courant électrique par les fournisseurs d'électricité des pays affectés a commencé en milieu d'après-midi, et était largement avancé dans la soirée. Les graphiques ci-dessous montrent que le trafic en provenance d'Albanie, de Bosnie et du Montenegro commence à chuter autour de 12h00, heure locale (10h00 UTC), avant d'atteindre son point le plus bas à 12h30, heure locale (10h30 UTC) en Albanie et en Bosnie et à 13h00, heure locale (11h00 UTC) au Monténégro. Le trafic a repris progressivement au cours des heures qui ont suivi, à mesure du rétablissement de l'électricité, et a renoué avec les niveaux attendus aux alentours de 15h30, heure locale (13h30UTC).

La Croatie aurait également été affectée par la panne d'électricité, toutefois, aucun impact négatif sur le trafic au niveau national n'est perceptible pendant la durée de l'interruption de la connectivité dans les autres pays.  

Technical problems

Intervention militaire

Ukraine

Le conflit opposant la Russie à l'Ukraine dure depuis maintenant plus de deux ans, durant lesquelles le réseau électrique ukrainien a fréquemment été la cible d'attaques aériennes russes. Les dégâts causés à l'infrastructure électrique de l'Ukraine à la suite de ces attaques entraînent également une perturbation de la connectivité Internet. Les attaques lancées le 21 mai dernier ont provoqué des coupures de courant dans un certain nombre de secteurs d'Ukraine. L'impact le plus significatif a été observé à Sumy, où le trafic a chuté de 82 % par rapport à la semaine précédente à 00h00, heure locale (21h00 UTC) le 22 mai. Comme l'illustrent les graphiques ci-dessous, pendant plusieurs heures, le trafic a également été inférieur à celui de la semaine précédente à Kiev, Kharkiv et Vinnytsia, et un retour aux niveaux attendus a été observé vers 08h00, heure locale (05h00 UTC) le 22 mai.

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Problèmes techniques

Malaisie

Comme nous l'avons déjà expliqué dans les précédents articles trimestriels, les pannes et perturbations d'Internet ne sont pas toujours liées à des événements importants, de grande ampleur, tels que des conditions météorologiques extrêmes, des pannes d'électricité ou des ruptures de câble. Parfois, des problèmes techniques plus banals peuvent entraîner des problèmes lorsque les utilisateurs essaient d'accéder à Internet ; c'est ce qui s'est produit le 15 avril en Malaisie, lorsque les clients de Time Internet ont connu une panne de réseau pendant près de deux heures. L'entreprise a expliqué la cause de la panne dans un message d'excuses publié sur sa page Facebook, déclarant notamment que « Cette panne du service Internet était de loin la pire de notre histoire, et a affecté environ 40 % de nos clients. […] À 17h38 aujourd'hui, nos serveurs Secure DNS primaires et secondaires sont devenus injoignables. Cela signifie que les navigateurs ou services nécessitant une résolution d'adresse DNS ne pouvaient pas accéder aux sites demandés. » Dans la mesure où les abonnés ne pouvaient pas joindre les résolveurs DNS de Time Internet, ils ne pouvaient pas résoudre les noms d'hôtes des services, sites et applications Internet, notamment ceux fournis par Cloudflare. Cette situation a entraîné la chute du trafic visible sur le graphique ci-dessous, qui a débuté peu après 17h00, heure locale (05h00 UTC) ; le rétablissement a commencé environ une heure plus tard. L'entreprise n'a fourni aucune information supplémentaire concernant les raisons de la défaillance des serveurs DNS.

Unknown

Népal

Au Népal, un certain nombre de fournisseurs d'accès Internet locaux, parmi lesquels AS45650 (Vianet) et AS139922 (Dishhome), dépendent du fournisseur indien Bharti Airtel pour leur connectivité en amont, qui leur permet d'atteindre le reste d'Internet. Un rapport publié souligne cette dépendance, précisant que « les FAI népalais achètent 70 % de leur trafic Internet à Airtel. »

Le 25 avril, ces FAI ont averti que leurs services pourraient être interrompus, car le gouvernement népalais ne leur avait pas fourni des contrats à terme sur devises qui leur permettraient de payer des fournisseurs de bande passante tels que Airtel, auquel ils sont réputés devoir 30 millions de dollars US. Le 1er mai, Airtel a informé les fournisseurs népalais défaillants que les services Internet pouvaient être interrompus à tout moment en raison de ce retard de paiement, et le 2 mai, Airtel a mis cette disposition en œuvre. Les graphiques ci-dessous montrent une chute pratiquement totale du trafic de Vianet à 16h15, heure locale (10h30 UTC), avant un retour aux niveaux attendus six heures plus tard. Une heure plus tard, à 17h15, heure locale (11h30 UTC), le trafic de Dishhome a considérablement chuté, mais pas aussi fortement que celui de Vianet. Le trafic de Dishhome a également repris environ six heures plus tard.

Il est possible que Dishhome n'ait pas connu une panne quasi-totale comme celle de Vianet, car Bharti Airtel est l'un des quatre fournisseurs en amont utilisés par sa société mère, tandis que Bharti Airtel est l'un des deux fournisseurs en amont de Vianet.

Un mois plus tard, le 3 juin, les opérateurs AS45650 (Vianet) et AS17501 (Worldlink) au Népal ont connu des perturbations d'Internet qui seraient imputables à des problèmes de routage sur le réseau de Bharti Airtel. Sur Worldlink, une chute du trafic s'est produite entre 12h15 et 14h00, heure locale (entre 6h30 et 8h15 UTC), tandis que sur Vianet, la chute du trafic est survenue entre 12h15 et 13h15, heure locale (entre 6h30 et 7h30 UTC).

Inconnu

La plupart des perturbations d'Internet décrites dans cette série d'articles de blog ont une cause fondamentale connue, qu'elle soit reconnue ou déclarée par les fournisseurs d'accès affectés ou qu'elle soit étroitement associée à un événement réel (conditions météorologiques extrêmes, panne d'électricité, etc.) Cependant, d'autres perturbations sont observées et même communiquées par les fournisseurs d'accès concernés, toutefois sans qu'aucune cause fondamentale de la panne ne soit jamais rendue publique.

Malaisie

Le 21 mai, l'opérateur CelcomDigi (AS10030) a publié sur X qu'il connaissait une panne sur son réseau et qu'il s'efforçait de résoudre le problème le plus rapidement possible. Toutfois, à peine 12 minutes plus tard, l'opérateur a publié un deuxième message, indiquant qu'il avait entièrement rétabli le service Internet Celcom. Ces messages ont été publiés à 21h35 et 21h47, heure locale (13h35 et 13h47 UTC), respectivement. Toutefois, comme l'indique le graphique ci-dessous, les volumes de trafic étaient revenus aux niveaux attendus plus d'une heure plus tôt, car la perturbation Internet observée sur le réseau de Celcom a duré de 18h00 à 20h15, heure locale (de 10h00 à 12h15 UTC). (Veuillez noter que la deuxième perturbation présentée sur le graphique ci-dessous était due à un problème interne lié au pipeline de données de Cloudflare, et non à un problème affectant le réseau de Celcom.)

Le service Internet par satellite de SpaceX Starlink est unique, car il dispose d'une base d'abonnés internationaux ; par conséquent, les pannes affectant son réseau ont des répercussions plus importantes que les problèmes affectant un FAI couvrant un pays unique. À 1h59 UTC le 29 mai, Starlink a indiqué sur X que le service connaissait actuellement une panne de réseau et qu'une solution était activement en cours de déploiement. Vingt-huit minutes plus tard, le service a publié le message suivant : « Le problème de réseau a été entièrement résolu. » Cette brève panne est visible sur le graphique ci-dessous, sous la forme d'une légère baisse du trafic. Ce qui est particulièrement intéressant, toutefois, est le pic de trafic affluant vers Cloudflare depuis le réseau de Starlink suite à la résolution de la panne. La forte augmentation et le déclin rapide de la courbe du trafic suite au rétablissement du service suggèrent qu'ils pourraient être liés à une sorte de contrôle automatisé de la connectivité, plutôt qu'à une accumulation des demandes de contenus de la part des utilisateurs.

Tchad

Une panne quasi totale d'Internet a été observée au Tchad le 5 juin entre 8h15 et 12h00, heure locale (entre 7h15 et 11h00 UTC), comme l'illustre le graphique ci-dessous. Le routage a également été affecté, car le nombre de blocs d'adresses IPv4 /24 (256 adresses IPv4) annoncés par les fournisseurs de réseau du pays a chuté jusqu'à 75 % pendant la panne.

Un article de presse consacré à la panne indique que seuls les abonnés Starlink ont conservé leur accès à Internet pendant la panne. Il a également noté que le Tchad est confronté à des perturbations récurrentes d'Internet depuis 2016, que ce soit en raison de problèmes affectant les câbles en fibre optique ou d'interruptions décidées par le gouvernement au nom de la sécurité nationale. On ignore quelle aura finalement été la cause de cette panne particulière.

Inde

Toute perturbation d'Internet affectant le réseau de Reliance Jio (AS55836), dont la base d'abonnés est estimée à plus de 460 millions d'utilisateurs, a des répercussions considérables à travers toute l'Inde. Le 18 juin, Reliance Jio a connu deux perturbations survenues entre 13h15 et 17h15, heure locale (entre 7h45 et 11h45 UTC). Chaque perturbation a duré moins d'une heure, entraînant une chute du trafic correspondant à près de la moitié du trafic observé à la même heure une semaine auparavant. La connectivité mobile et la connectivité par fibre optique ont été affectées, et Reliance Jio n'a fourni aucune information supplémentaire concernant la cause première des problèmes de connectivité.

Conclusion

Tandis que nous devenons toujours plus dépendants d'une connectivité Internet fiable, nous devons reconnaître que cette connectivité est elle-même tributaire d'une fondation complexe et interconnectée de facteurs physiques, techniques et politiques. Toute défaillance de l'un de ces composants fondamentaux, qu'elle résulte d'une rupture de câble, d'une panne d'électricité, d'une configuration incorrecte ou d'une action gouvernementale, peut avoir un impact considérable et perturber la connectivité Internet de millions d'utilisateurs, potentiellement dans plusieurs pays. Bien que la résilience et la fiabilité des composants physiques et techniques puissent être améliorées par la redondance et les bonnes pratiques, les facteurs politiques se sont sans aucun doute révélés être les plus difficiles à gérer. Cependant, des organisations telles que AccessNow, par le biais de sa campagne #KeepItOn, mobilisent les personnes, les communautés et les acteurs de la société civile du monde entier afin de lutter contre les interruptions d'Internet décidées par un gouvernement, qui peuvent avoir d'importantes conséquences financières.

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